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West Hollywood
20 h 02
Rien d’autre qu’un écran blanc, un peu brouillé, et des grésillements.
C’était l’enregistrement de leur chambre datant de la veille.
Bon sang, c’est quoi, ça ?
Dark passa en avance rapide puis referma la fenêtre et cliqua sur le fichier correspondant au salon. Là, au contraire, l’enregistrement était intact et parfaitement clair.
L’éclairage n’était pas idéal, mais on voyait précisément ce qui se passait – exactement comme Sqweegel l’avait désiré. Il voulait que Dark voie combien il était facile de pénétrer chez eux, de se faufiler dans la pièce, littéralement sous le nez des chiens, puis de se déshabiller au pied de l’escalier avant d’en gravir les marches. Pour rejoindre Sibby…
Je suis chez toi, Dark. Tu te rends compte comme c’est facile ? Chez toi, avec toute ton expérience et ton entraînement.
N’as-tu pas promis à Sibby que tu la protégerais en toute circonstance ?
N’ai-je pas donné une bonne leçon à ta famille adoptive en matière de sécurité ?
L’horaire inscrit au bas de l’écran au moment de l’effraction correspondait à l’heure où Dark était parti dans son 4x4 rejoindre Riggins à la cafétéria sur la jetée de Santa Monica. Ce petit salaud s’était probablement caché à l’extérieur en attendant qu’il s’en aille. Puis il était entré dans la maison comme dans du beurre.
Cela semblait simple, effectivement, maintenant que Dark revoyait le film en accéléré. À la vitesse normale, c’était hallucinant. Le corps étrange de Sqweegel glissait avec une lenteur incroyable, des mouvements si contrôlés et mesurés qu’ils étaient quasi imperceptibles. Il fallait bien observer l’écran pour se rendre compte qu’il bougeait.
Pendant tout le temps où il était resté devant son café froid à écouter Riggins lui parler de budgets, de son ex-femme et de sa vie…
… Sqweegel se rapprochait de la chambre où dormait Sibby…
C’était d’autant plus frustrant de n’avoir qu’un écran vide pour la caméra de la chambre. Ça n’avait aucun sens. Toutes les autres caméras de la maison fonctionnaient parfaitement cette nuit-là, sauf celle-ci ?
De quel vers s’agit-il ? se demanda Dark. Lequel concerne Sibby ? Pas Un mort, un jour, nous verrons, puisqu’elle était restée en vie. Indemne, d’ailleurs, elle l’avait dit elle-même. Deux, un jour, pleureront ? Y avait-il un rapport avec Sibby et le bébé ? Oh, bon Dieu, avait-il fait quelque chose à l’enfant ?
Dark rembobina. Peut-être cette caméra était-elle défectueuse depuis quelques jours. Peu probable. C’était un système en circuit fermé. À la moindre défaillance, le serveur aurait émis une série de bips insistants.
Il y avait autre chose.
À l’écran, la neige avait été remplacée par une image. Dark appuya sur lecture.
Il était là. Près de la commode, sur laquelle il déposait un objet. Un petit appareil, puis…
Écran noir.
Cette petite saloperie avait brouillé le signal d’une manière ou d’une autre. Il ne voulait pas que Dark voie la suite.
Dark laissa sa main en suspens au-dessus de la commande, puis il appuya sur avance rapide. Les minutes défilèrent sur le compteur, et soudain la neige laissa de nouveau la place à une image.
Mon Dieu.
Oh, mon Dieu, non.